Programme de rééquilibrage du lit de la Loire en amont de Nantes

 


Fin juin et début juillet, plusieurs réunions, destinées à un large public, ont été organisées pour présenter le programme des travaux envisagés pour les cinq prochaines années en vue de parvenir à un rééquilibrage du lit de la Loire pour son bief en aval du bec de Maine et recueillir les observations que cela suscitait. Vaste programme que l'article ci-dessous essaie de résumer à l'essentiel. Nous aurons certainement l'occasion de revenir en détail sur certains aspects de ces travaux mais une vision globale est nécessaire car tous ces programmes sont interdépendants.

En 1994 Le Plan Loire avait pour objectif la remontée de la ligne d’eau d’étiage "qui ne serait atteint qu’à très long terme". Il était alors proposé "d’aider la nature en remobilisant les sables piégés par les épis et en construisant des seuils de blocage du transit sédimentaire ainsi libéré".

Vingt ans après, le Plan Loire IV (2014-2020) a toujours pour objectif le rééquilibrage du lit mineur de la Loire, la restauration d’annexes fluviales et les fonctions biologiques associées en amont de Nantes.

La mise en œuvre du Plan Loire repose financièrement sur un contrat de projet interrégional (CPIER) et sur le programme opérationnel du Fonds européen de développement régional (POI FEDER). Ce contrat (période 2014-2020) pour la Loire et ses annexes s’élève à 62M€.

Rééquilibrage du lit mineur de la Loire, entre les Ponts-de-Cé et Nantes.

Il prévoit des actions de type morphologique et hydro-sédimentaire qui visent au relèvement des fonds, un élargissement des sections d’écoulement et l’amélioration de la connectivité des annexes hydrauliques.
Les actions morphologiques sont portées par VNF (maîtrise d’ouvrage) dans le cadre du contrat régional 2015-2020 pour la Loire et ses annexes de Nantes à Montsoreau. La mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage est portée par Setec organisation, Hydratec, Aquascop et des bureaux d’études en charge de la conception et du suivi des travaux (missions de maîtrise d’œuvre et études complémentaires).

Dans cette approche globale du fleuve et de ses annexes, le programme de rééquilibrage durable, du lit et des fonctions biologiques associées, permettra de restaurer un fonctionnement plus naturel de la Loire avec une nouvelle dynamique fluviale au service des usagers tout en préservant la biodiversité des territoires ligériens.
Un comité de concertation avec les différents acteurs est prévu dans la gestion de ces opérations coordonnées.

Détails du programme d’actions :

Dans la phase 1, du programme d’actions 2014-2023, VNF prévoit quatre opérations qui seront réalisées sur les trois secteurs prioritaires qui ont été identifiés par l’étude du GIP dans "le scénario tendanciel hors travaux" (zones soumises à la poursuite de l’érosion régressive et incision du lit de la Loire, déconnexion des annexes et fermeture des milieux).
Les conséquences attendues de ces actions sont la remise en mouvement des sédiments accumulés sur les grèves, derrière les épis et dans les bras secondaires et le maintien des matériaux ainsi remobilisés dans le lit de la Loire.

- Trois opérations sur les secteurs prioritaires identifiés :

           - 1/ dans le secteur de Bellevue, 2016-2018 phase d’études préalables par modélisation numérique et physique et début des travaux en  2020 sur 3 ans ; coût : 23 M€.
        - 2/ dans le secteur d’Ancenis, ouverture par arasement de la chevrette et chenalisation du bras de l’île Neuve Macrière ; rechargement du lit principal avec les matériaux récupérés (travaux dès 2019 sur 3 ans, coût : 15 M€).
        - 3/ remodelage des épis secteur d'Ancenis ( travaux mi 2019 sur 2 ans).

- Une opération de reconfiguration des seuils du Fresne (en 2018 sur 1 an ; coût : 2 M€).

Les premiers travaux, les plus amont, sont programmés pour 2018 ; suivront ensuite ceux de l’aval. Ce phasage des actions permettra de limiter au maximum la perte des sédiments.

D'autres parts, pilotées par le CEN, qui continue les actions du CORELA, 25 actions sont prévues dans les annexes fluviales de Montsoreau à Nantes (restauration de la continuité piscicole et sédimentaire, préservation des habitats et des espèces de zones humides, maintien d’une activité locale adaptée). Toutes s’articulent et complètent les travaux d’amélioration de la connectivité et des fonctionnalités des annexes hydrauliques portées par VNF.

Les bénéfices du programme

Ils s’inscrivent dans une réponse durable, projetée sur plus de 40 ans, en termes de rééquilibrage du lit de la Loire amont avec :
           - Une réponse partielle aux enjeux de remontée de la ligne d’eau.
           - Un bénéfice notoire dans la redynamisation du lit mineur et des fonctions biologiques restaurées (impact limité sur le risque de crue, navigabilité du bief conservée, enjeux de migration piscicole intégrée).
          - Des paysages et des milieux naturels, sensibles ou classés, préservés.

La reconfiguration des seuils du Fresne

Les résultats de l’opération expérimentale des seuils à échancrures, du Fresne-sur-Loire, initiée en 2002-2003 laissent apparaître :
           - Une remontée effective de la ligne d’eau de 50 cm (avant dégradation des ouvrages),
           - Un remous sédimentaire amont ayant permis de piéger 560000 m3 de sable dans le bras principal, entre le Fresne et Montjean, durant la période 2001-2013,
           - La capacité à redonner une bonne dynamique sédimentaire et remise en eau du bras secondaire du Cul-de-Boeuf (évolution de la morphologie d’une année sur l’autre et départ de 535 000 m³ de sable de ce bras durant la période 2001-2013),
           - Mais aussi des effets indésirables liés à la conception et à la pérennité des seuils qui doivent être corrigés.

Les propositions de reconfiguration des seuils tiennent compte des enseignements tirés de cette opération. Les objectifs affichés sont de maintenir le fonctionnement morphologique et hydrosédimentaire constaté et de résoudre les désordres liés au temps (atteintes au paysage, depuis 2010 pertes des gains sédimentaires et remontée du fil de l’eau à l’amont, des difficultés de franchissement à l’étiage, érosion des berges…).

Les principes qui émergent des réflexions partagées concernant cet aménagement sont :
- une opération pérenne mais avec réversibilité des actions à engager,
- le maintien des seuils d’enrochement mais suppression progressive des boudins géotextiles dégradés,
- effectuer, en parallèle,  le suivi du remous sédimentaire amont et de la répartition des débits dans les deux bras en veillant à ne pas inverser la fonction de ces deux bras.
- au vu des résultats, si nécessaire, envisager la protection de la levée amont du bras de Cul-de-Boeuf, l’arasement des épis amont de ce bras, voire des actions innovantes afin de corriger des déséquilibres de système qui pourraient apparaître.
- définir des indicateurs permettant une évaluation, a posteriori, des gains découlant des actions mises en œuvre.

Penser que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes serait imprudent, il conviendra de suivre attentivement les effets des modifications envisagées, concernant, en particulier, le maintien du réhaussement de la ligne d’eau en amont et l’arrêt des érosions en aval des ouvrages. Globalement, la Sauvegarde de la Loire angevine se réjouit de la prise en considération de ses recommandations à savoir étudier, d’abord, et agir, ensuite. Elle restera vigilante sur l’évolution de ces travaux.

Retour accueil